Questions fréquentes sur le dépistage du cancer du sein avant 50 ans

Pourquoi tant de professionnels sont-ils opposés au dépistage ?

Les deux arguments les plus courants qu’ils opposent au dépistage précoce du cancer du sein sont le surdiagnostic et l’attente des résultats pour les patientes. Parfois, une micro-biopsie aura été nécessaire après une mammographie ou une échographie. Cependant, nous n’évoquons en rien ici l’ablation du sein sur une femme saine ou autre mythe populaire ! La seule conséquence d’une anomalie déclarée bénigne est d’effectuer une micro-biopsie, indolore et sans conséquence, pour pouvoir mieux l’analyser. Dans les faits, aucune intervention lourde n’est effectuée sans micro-biopsie (qui elle ne produit pas de faux positif). Il faut donc convenir que le dépistage du cancer du sein n’est pas parfait – raison pour laquelle certains professionnels s’y opposent ; et néanmoins bien garder en tête le principe de proportionnalité, ses désavantages étant insignifiants comparés aux nombreuses vies qu’il sauve chaque année. Par ailleurs, aucune solution alternative sérieuse n’est proposée.

Quelles sont les causes du cancer du sein ?

Les causes exactes du développement du cancer du sein sont encore relativement méconnues du monde scientifique. Celui-ci explore plusieurs sources comme l’hérédité (5 % des femmes diagnostiquées), les hormones, les grossesses. L’élément déterminant reste cependant attribué au hasard en l’état de nos connaissances actuelles. En majorité, les cancers du sein ne peuvent tout simplement pas être expliqués. Les seules certitudes alarmantes que nous ayons aujourd’hui sont que de plus en plus de femmes sont touchées et que la maladie se déclare de plus en plus tôt. Certaines statistiques indiquent que la majorité des femmes atteintes le serait avant 50 ans mais l’ignorerait**.

Quelle proportion de femmes avant 50 ans est touchée ?

Aujourd’hui, en Suisse, un quart des cancers du sein sont détectés avant 50 ans. Cependant, il faut garder en tête qu’un cancer met de nombreuses années à se développer. Ainsi, de nombreuses femmes seront diagnostiquées tardivement, après 50 ans ! pour un cancer qui s’est développé bien avant cet âge ! et qui aurait pu être diagnostiqué plus tôt ! La proportion réelle de femmes touchées par le cancer du sein avant 50 ans est donc plus élevée, mais aucune étude n’a été menée en Suisse ce jour à notre connaissance à ce sujet.

Combien coûte un cancer du sein ?

Chaque cancer du sein est différent et sera traité de manière différente. De façon générale, les cancers en stade avancé coûtent plusieurs centaines de milliers de CHF chaque année****, traitement et médicaments (par exemple Herceptin ou Perjeta) étant extrêmement onéreux. A l’inverse, un cancer du sein détecté et soigné précocement ne coûtera que quelques milliers de CHF et sur un nombre d’années bien moindre. Imaginons également les coûts des traumatismes familiaux, perte d’emploi, femmes actives, enfants, etc.

Que demande L’aiMant Rose ?

L’aiMant Rose demande, sinon le droit à un dépistage gratuit à tout âge du moment que la femme en fait la demande – ce qui reste notre but ultime – du moins l’avancée de l’âge légal actuel de la prise en charge automatique gratuite du dépistage du cancer du sein de 50 à 40 ans ; sur demande de la femme, au minimum tous les deux ans.

Combien coûte le dépistage ?

La mammographie, la méthode de dépistage la plus courante, coûte en moyenne 200 CHF. Les autres méthodes de dépistage coûtent également quelques centaines de francs, la plus chère étant l’IRM. Ces montants sont dérisoires par rapport aux millions qui pourraient être économisés par un dépistage – donc une guérison espérée – précoce.

Quelle est la situation actuelle à l’étranger ?

Plusieurs programmes de dépistage systématique dès 50 ans sont en place, notamment en Europe et dans certains cantons suisses. Cependant, de nombreux pays comme la France et la Belgique remboursent également un dépistage demandé par une femme avant 50 ans, contrairement à la Suisse et au Canton de Vaud qui n’appliquent pas cette pratique.

Quelle est la première cause de mortalité en Suisse pour les femmes entre 40 – 50 ans ?

Entre 40 et 50 ans, le cancer du sein est la première cause de mortalité féminine*****

Les gynécologues peuvent-ils refuser le dépistage avant 50 ans ?

Les gynécologues déconseillent souvent un dépistage du cancer du sein avant 50 ans. Une femme doit aujourd’hui insister lourdement et aller parfois contre l’avis de son médecin pour l’obtenir. Bien qu’il ne soit donc pas interdit formellement, il est souvent refusé de manière implicite.

Comment se déroule un cancer du sein pour une femme ?

Généralement, le cancer du sein met des années à se développer et prend du temps avant de se métastaser. Détectée précocement, la maladie est plus facile et moins couteuse à soigner. Plus ce cancer est détecté tardivement, plus les chances de survie diminuent et plus les traitements deviennent lourds et destructeurs pour la femme et financièrement.

La femme est-elle la seule victime de sa maladie ?

Une femme touchée par un cancer du sein, c’est aussi une famille touchée par cette terrible maladie : conjoint, enfants, parents, ami.e.s… Pour chaque femme atteinte, 10 personnes, hommes et femmes, en souffriront de façon indirecte. Ces traumatismes auront un coût énorme pour la société, parfois encore plusieurs décennies après.

Les craintes liées au surdiagnostic sont-elles fondées ?

Une anomalie découverte peut s’avérer bénigne après investigation complémentaire par échographie et ponction. Aujourd’hui, lorsque l’on observe une anomalie, la patiente bénéficie automatiquement d’une échographie, voire parfois d’une micro-biopsie* – ponction à l’aiguille à travers la peau par le radiologue sous anesthésie locale. Les tissus prélevés sont ensuite analysés au microscope afin de déterminer si la lésion est cancéreuse, d’en identifier la nature et d’orienter les médecins sur le choix du traitement. Cette approche, pratiquée en Suisse, annule le surdiagnostic et élimine le stress pour la patiente, à un coût nettement inférieur à celui d’une biopsie chirurgicale « à l’ancienne ». Il est à noter qu’on ne réalise plus de biopsie chirurgicale d’emblée comme voici 20 ou 30 ans, avec une hospitalisation de plusieurs jours à la clé.

Combien de temps doit attendre une femme pour connaitre les résultats du dépistage ?

Les résultats sont connus dans un laps de temps très court : un jour à une semaine, selon les médecins. Certaines personnes, avançant tout de même que ce temps d’attente provoque un stress indésirable chez les femmes, le contre-indiquent. Encore une fois, cet inconvénient est bien maigre par rapport aux vies et aux souffrances épargnées.

Quels sont les risques encourus vis-à-vis des irradiations ?

Il existe plusieurs protocoles de dépistage. Le seul qui présente un effet ionisant est la mammographie. Nous avons la chance d’avoir un équipement moderne en Suisse. Si les vieilles machines émettaient des doses d’irradiations (source de nombreuses croyances populaires sur la dangerosité du dépistage), les équipements actuels sont beaucoup plus soucieux de notre santé et ne provoquent que de faibles irradiations, semblables à celles que nous recevons quotidiennement de par la nature. Le niveau d’irradiation auquel une patiente est aujourd’hui soumise lors d’une mammographie est environ cinq fois plus faible qu’il y a dix ans et équivaut à celui auquel elle s’exposerait si elle séjournait une semaine à Thyon 2000. Le risque est donc limité. L’échographie et l’IRM n’exposent les patientes à aucune irradiation.

Quelle est la situation actuelle en Suisse ?

1 femme sur 8 sera victime dans sa vie du cancer du sein en Suisse. Dans un futur proche cette proportion sera d’1 femme sur 7. Un programme de dépistage systématique dès 50 ans est organisé dans 12 cantons sur 26 dont le canton de Vaud. Aujourd’hui, avant 50 ans, aucun remboursement*** du dépistage n’est pris en charge par les assurances pour les femmes sans « facteurs de risque » (hérédité directe ou manifestation symptomatique). En l’état actuel des connaissances scientifiques sur les causes réelles du cancer du sein, la détermination de ces facteurs reste peu fiable. Aujourd’hui, une femme de moins de 50 ans qui demande un dépistage risque de se le voir refuser. En effet, les médecins suivent avant tout les signaux de l’État. Considéré comme superflu et inefficace par les autorités alors que nous pensons qu’il pourrait sauver de très nombreuses vies, le dépistage n’est pas remboursé avant 50 ans.

Sources

*https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancer-du-sein/Diagnostic/Biopsie-percutanee

**http://www.senologie.com/wp-content/uploads/2013/03/LS-juin-2011.pdf

Breast cancer in woman younger than 35 years: retrospective study about 612 cases

Page 30 : En France, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme avec une incidence en constante augmentation depuis 20 ans.

Il survient à un âge moyen de 47 ans. Parmi nos patientes, seul un tiers est ménopausé ; 55 % ont moins de 50 ans ; 22% ont moins de 40 ans et 12 % ont moins de 35 ans, ce dernier chiffre restant stable depuis 1995. Lettre du Sénologue n °52 (avril-mai-juin 2011), pp.28-33 by H. Guendouz, W. Chetibi, A. Abdelouahab, A. Bendib.

*** L’assurance de base ne prend en charge, uniquement la mammographie, qu’aux conditions suivantes :

  • Seulement pour les femmes de plus de 50 ans tous les deux ans (OPAS, art. 12e, lettre c) => soumis aux 10% de quote-part ;
  • Uniquement dans le cadre d’un programme cantonal de dépistage du cancer du sein (OPAS, art. 12e, lettre c) ;
  • Pour seulement 12 cantons (sur 26) qui ont un programme de dépistage après 50 ans (jusqu’à 69 ans) ;
  • En cas de cancer chez la mère, la fille ou la sœur 1 fois par an (OPAS, art. 12d, lettre d) => soumis à la franchise et à la quote-part ;
  • Si la patiente se plaint d’une douleur ou d’une boule au sein et qu’il faut investiguer (LAMal, art. 25, al. 1) => soumis à la franchise et à la quote-part ;
  • Avec augmentation du coût de la mammographie de dépistage lorsqu’elle est effectuée en dehors d’un programme cantonal.

****https://www.rts.ch/info/economie/10221246-les-marges-spectaculaires-des-pharmas-sur-le-cancer-en-suisse.html by RTS info

Les marges spectaculaires des pharmas sur le cancer en Suisse

*****Le cancer du sein en Suisse, http://savoirpatient.ch/cancer-sein/chiffres by Association savoir patient

Breast cancer in younger women in Switzerland 1996-2009: A longitudinal population-based study, published in The Breast 24 (2015) pp.112-117 by multiple researchers.

Radiation Risk From Screening Mammography of Women Aged 40-49 Years, published in JNCI Monographs (1997), pp.119-124 by Stephen A. Feig and R. Edward Hendrick.